Grands blancs de Méditerranée

L’origine du Grand blanc en Méditerranée demeure énigmatique. Dans son ensemble, ce Lamnidé témoigne d’une nette propension à la philopatrie. C’est à dire qu’elle marque un solide instinct à demeurer ou à revenir dans son aire de naissance. Les chercheurs n’enregistrent pas de migrations particulières entre l’Atlantique et cette mer quasi fermée, pas davantage par l’intermédiaire du canal de Suez. Ceci signifie qu’il existe une population spécifique à la Méditerranée.

En lien avec l’Université d’Aberdeen (Royaume-Uni), des scientifiques ont séquencé l’ADN mitochondrial (organe microscopique contenu dans le liquide baignant le noyau des cellules) de quatre jeunes spécimens recueillis en des endroits éloignés (deux des requins ont été capturés dans la baie d’Edremit au large de la Turquie en 2008, le troisième a été trouvé dans les eaux tunisienne en 2005 et le quatrième au large de la Sicile en 1990). Les séquences se sont révélées identiques et, fait surprenant, assez proches génétiquement des lignées de la zone Indo-Pacifique, tandis qu’elles marquent une différence sensible avec les populations de l’Atlantique. Les Grands blancs de Méditerranée présentent davantage de convergence avec leurs congénères fréquentant les franges marines de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Quelle explication rationnelle peut-on donner ? Une « erreur de navigation » de quelques femelles parturientes, imputable à la brusque modification de courants marins, par suite d’un changement climatique ?

Si cette étude peut être confirmée, cela accréditerait pleinement la thèse que la population méditerranéenne se trouve isolée, constituant la source de sa vulnérabilité face à la surpêche et à la pollution.

En 2012, notre association a pu réaliser des prélèvements, à des fins d’analyse génétique, sur un spécimen accidentellement capturé en Balagne ; toute autre capture ou échouage (on en observe parfois en Méditerranée, parfois même dérivant en surface, comme au large de Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes) début août 2012) devrait donner lieu à échantillonnage. Nous avons par ailleurs le souhait, dans le cadre d’un projet ambitieux, de contribuer ultérieurement à des marquages de grands requins blancs dans les eaux de Corse.

ExpLes estimations de Grand requin blanc, délicates, tendent à situer sa population méditerranéenne à 350 individus environ. François Sarano, et l’association Longitude 181, ambitionnent un programme de recherche autour de cette espèce, destiné à mieux la connaître dans notre aire. Expédition Requin blanc Méditerranée envisage notamment la pose de balises satellitaires ainsi que l’observation de plusieurs spécimens dans le milieu naturel, le prélèvement d’échantillons de peau. Tout ceci, en plongée, en l’espace d’une expédition annuelle sur trois ans…

Documentaire :

Méditerranée, les requins rodent
(source : http://www.terranoa.com/fiche-detail.php?id=60)

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