Galeorhinus galeus, petit requin de fond se rencontre peu fréquemment. Bien qu’il n’y ait pas de pêche ciblée en Méditerranée, le fait que ce requin évolue au sein de différents biotopes le rend très vulnérable à la surpêche (notamment en Adriatique et autour de laSicile), que çà soit au chalut de fond intensif (avec dégradation des habitats) ou à la palangre. De fait, il se rencontre désormais moins fréquemment. En raison d’un manque d’élément propres à former une base d’évaluation précise, l’espèce a longtemps été considérée avec « Données insuffisantes » en Méditerranée mais elle figure, depuis le 10
février 2012, à l’Annexe II de la Convention de Barcelone.
Suite aux prises, les renseignements ne sont toujours pas consignés, ni collectés systéma- tiquement. On peut le regretter.
Un Avis de Recherche a été lancé sur cette espèce par Corsica- Groupe de Recherche sur les Requins de Méditerranée, dans le cadre de l’inventaire des élasmobranches des eaux continentales de Corse.
photos © STELLA MARE
Le 9 mai 2013, un spécimen de 140 cm (estimé) a été capturé accidentellement aux abords de la Punta d’Arco, à l’aide d’un filet trémail par des pêcheurs bastiais, Don Jacques Pompa, Jean et Jacky Toma qui, au vu d’un élément particulier : la présence d’une marque jaune apposée sur le premier aileron dorsal, ont rapidement cherché à collaborer avec les scientifiques, en l’occurrence avec Stella Mare, avec qui les hommes de mer ont des habitudes de travail et d’échange. Michel Marengo a été l’un de leurs interlocuteurs.
A la naissance, on estime sa taille à près de 35 cm. L’individu mesuré par le pêcheur, une femelle, se classe parmi les adultes en âge de se reproduire. Son poids est de 1400 g. Un spécimen comparable, une femelle de 175 cm, mesurait 82 cm de circonférence pour un poids estimé de 36 kg lors de sa capture (on notera qu’à taille équivalente, les mâles pèsent moins que les femelles).
Il circule en petits bancs lors de la migration. Les jeunes grandissent en eaux peu profondes. On estime le temps d’une génération à près de 23 ans. Le régime alimentaire du milandre, assez opportuniste, se compose principalement de poissons osseux et de céphalopodes (les juvéniles privilégiant les petits invertébrés). Malheureusement, l’examen du contenu stomacal n’a pas été réalisé.
L’initiative de ce marquage, initié en 1970, est à mettre au crédit du Inland Fisheries Trust. Il est destiné à favoriser la gestion d’une ressource prisée dans le domaine de la pêche sportive, dont la diminution des stocks avait été constatée dès les années 1960. Lors de ce programme, un total de 3 200 milandres (Tope shark, en Anglais) se sont vus fixer une plaque similaire.
Seuls 8% des sujets font l’objet d’une recapture. Pesant 13 kg, le dernier en date a fait l’objet d’un marquage au Nord de l’Irlande (à Marlin Head) le 14 mai 2010 avant d’être repris, le 4 janvier 2011, dans le détroit de Danemark, entre l’Islande et le Groenland, à l’issue d’un parcours de 2500 km en 235 jours.
En Méditerranée, deux autres spécimens ont été précédemment capturés, dont un en proximité des côtes algériennes.
Dans le cas présent, la capture des pêcheurs bastiais pulvérise les records. Marquée le 28 juillet 2001 au sud-est de la mer d’Irlande, dans les eaux de Greystones, la femelle a effectué un parcours minimum de quelques 4 000 kilomètres (cf. carte d’itinéraire potentiel). Elle décroche ainsi le record de la plus grande distance jamais constaté pour un Galeorhinus galeus. Douze années (4303 jours pour être précis) se sont écoulées entre la pose de la marque jaune et la reprise. C’est également l’un des plus longs intervalles de durées. La reprise d’autres spécimens a montré que leur migration peut les conduire jusqu’aux Canaries et même aux Açores.
Cette constatation, faite de manière scientifique, prouve que l’on connaît encore très mal les migrations saisonnières de cette espèce comme ses éventuelles périodisations sédentaires.
En cas de capture d’un animal portant une marque
S’il demeure vivant, vous avez toujours le choix de pratiquer le « no killing » et, par conséquent, de le relâcher. N’oubliez toutefois pas de relever préalablement le détail figurant sur l’étiquette (avec son n° d’enregistrement), d’enregistrer également les points GPS, le jour, l’heure et de communiquer le tout, en faisant mention de l’engin de pêche utilisé et les espèces prises avec lui. Lors de la manipulation, qui peut s’effectuer sans risque, ne suspendez pas le requin par la queue, mais supportez-le par le ventre.
Pour les mensurations, la Longueur Totale (TL) s’effectue depuis la pointe du museau à l’extrémité de la queue étirée dans l’axe du corps. Mesurez en ligne droite et arrondissez au centimètre le plus proche.
La circonférence est mesurée autour du corps, juste avant la première nageoire dorsale.