Dernière mise à jour : 13 août 2014
23 juillet 2014
Un jeune spécimen, dont la taille est estimée à 1, 50 m environ, a été observé par des baigneurs à forte proximité de la plage de Calzarellu (commune de Prunelli di Fiumorbu, Haute-Corse). Le requin évoluait effectivement dans moins d’un mètre d’eau.
La situation a été gérée calmement, étant assez loin des baigneurs. Pas d’évacuation de la zone. Comme il se rapprochait, certains sont venus frapper la surface de l’eau, ce qui a eu pour effet de le faire partir (information : Michèle Peuchot, éducateur sportif en natation).
photos © Kevin Coeffe
Qu’en est-il de ce comportement ? Est-il normal ?
A la même période, des faits similaires intéressant de petits spécimens se sont déroulés en Espagne, dans le golfe du Lion et en Italie :
– ce même 23 juillet, à Matalascañas (Espagne), dans le golfe de Cadix (proche Atlantique), on enregistrait la présence d’un Peau-bleue dans des circonstances tout à fait comparables.
– le 22 juillet, au Canet de Rosselló (Canet-en-Roussillon) : vers 14 h, des touristes ont aperçu un requin d’environ 1 m, à une distance de 25 ou 30 m du rivage (si tant est qu’il s’agisse d’un squale, et non d’un poisson-lune ou d’une autre espèce, comme l’espadon car l’observation faite depuis un jet-ski semblerait douteuse). Aussitôt, les secouristes ont décidé de hisser la flamme rouge, interdisant la baignade le temps des vérifications nécessaires. A bord de leur embarcation, ils ont cherché, en vain, à localiser le squale, dans l’intention de le repousser vers le large. Finalement, peu avant 17 h , la baignade était à nouveau autorisée, le requin n’ayant plus été repéré.
– le 20 juillet à San Lorenzo al Mare (province d’Imperia, Italie), en mer Ligure : une observation d’un autre spécimen a été faite à la côte, dans des conditions similaires à celle de Calezarellu.
– le 15 juillet, la Protection Civile espagnole a ordonné la fermeture de trois plages sur la bordure littorale de Maresme (Espagne), entre le nord de Barcelone et Rosas après signalement de trois requins de 2 m environ.
L’observation réalisée sur la côte orientale de la Corse n’est donc pas extraordinaire. Elle n’est pas davantage liée à la surpêche ni à des activités humaines perturbantes. Le Peau-bleue évolue dans la colonne d’eau entre la surface et 634 m de profondeur, au moins. Les sujets les plus jeunes sont ceux que l’on observe, solitaires ou en petits groupes, à proximité des côtes où ils chassent. Il y a ségrégation par taille, ce qui permet aux plus petits de ces prédateurs d’éviter de devenir la proie éventuelle de congénères plus âgés.
Faut-il s’en inquiéter ?
La question mérite d’être posée sur le plan de la sécurité. Sans tomber dans une psychose angoissante de type « Dents de la mer » (comme sur la plage d’Ostie, le 11 août 2014), il ne faut pas oublier non plus que le Peau-bleue est responsables de plusieurs attaques, sans forte gravité. Elles sont fort vraisemblablement le fait de confusions alimentaires chez des jeunes individus, qui ne se nourrit cependant nullement de mammifères marins. En France, on évoquera le cas de M. André Marion, à Gruisan, en 1986. Une autre victime aurait également été recensée sur Propriano, mais on ne connait ni le nom de la victime, ni mêmes les circonstances précises. Il convient donc de rester très prudent sur ce cas. A Alicante (Espagne), le Peau-bleue avait été suspecté lorsqu’une fillette de 7 ans avait été mordue. Il s’agissait en réalité d’un Tassergal (Pomatomus saltatrix). Sur le plan mondial, le fichier international des attaques recense, pour cette espèce et depuis le XVIe siècle, un total de 13 attaques dont 4 mortelles. Elles ne sont assurément pas le fait le jeunes spécimens.
Une structuration spatiale et une agrégation par sexe et par taille constituent des caractéristiques spécifiques aux populations de requins. Ces modèles spatiaux sont encore mal connus, en particulier pour les espèces pélagiques tel que le Peau-bleue (Prionace glauca). Différentes études sont en cours, dans le Golfe du Lion. On peut notamment penser que le programme conduit depuis le Grau-du-Roi par Stellaris, pourra apporter dans un avenir proche des données intéressantes, comme cela a été récemment le cas en Atlantique Nord (Vandeperre et al., 2014) où une étude a pu établir l’existence d’une nurserie centrale et discrète, où les juvéniles peuvent résider jusqu’à au moins 2 ans. Cette aire est relativement vaste et ouverte, comme peut l’être le Golfe du Lion, les mers Ligure et Tyrrhénienne, qui pourraient avoir une fonction analogue. Ceci suggère que l’abri des prédateurs n’est pas nécessairement la fonction principale.
Bibliographie
Vandeperre F., Aires-da-Silva, Fontes J., Santos M., Serrão Santos R., Afonso P. (2014) – Movements of Blue Sharks (Prionace glauca) across Their Life History. PLoS ONE 9(8): e103538. doi:10.1371/journal.pone.0103538
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22 juin 2014 – 02 h 00
Capture non ciblée, à deux milles au large des Sanguinaires.
Taille : environ 147 cm
Photographie : © SB / Corsica-MSRG
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10 juin
Capture non ciblée, en proximité de l’ilot de La botte, au large de Capo di Feno (Ajaccio).
Traine profonde au vif (calamar) sur 40 m de fond. A noter toutefois que le bateau était positionné sur le rebord de pente du plateau avec 200 m d’un côté et 40 m de l’autre. Ce spécimen a été remis vivant à l’eau par le pêcheur
Document témoin : une vidéo © Régis Spanedda
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10 juin
Sant’ Ambroggio (Haute-Corse) capture non ciblée lors d’une pêche verticale au jig (avec leurre), par 70 m de profondeur, aux abords du Danger d’Algaghjola.
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