Intérêt du suivi des échouages
Outre une mission de conseil auprès des autorités locales et d’intervenant, soit pour remettre à l’eau un élasmobranche échoué, soit pour coordonner une action de suppression de cadavre, Corsica – Groupe de Recherche sur les Requins de Méditerranée tient un rôle d’observatoire environnemental.
Les échouages constituent une source non négligeable d’informations sur les populations de raies et de requins présentes le long des côtes littorales de Corse, sur les grands migrateurs qui sont de passage.
Le suivi des échouages est susceptible d’apporter des informations sur la démographie des espèces étudiées : cause de mortalité, reproduction, croissance… Il offre également un potentiel d’acquisition de matériel biologique pour identifier l’espèce, l’âge, le statut reproducteur, les concentrations de certains polluants, les pathologies développées, l’alimentation ; ces paramètres renseignent sur l’état des populations, leurs relations avec l’écosystème et, parfois, les impacts des activités humaines.
…………………………………………………………………….Squalus acanthias, (Aiguillat – Spinarolu)
7 juin 2013, plage de Campomoro
Photo Torra Plongée
Intérêts du suivi des échouages
- Connaissance des espèces : certaines espèces de profondeur ne sont quasiment connues que par les échouages, étant rarement observées en mer
- Distribution des espèces : l’analyse géographique des échouages donne une idée de la distribution des raies et requins sur le pourtour de la Corse
- Connaissance de la biologie des espèces : génétique des populations, régimes alimentaires, structure des populations
- Connaissance des causes de mortalité : morts naturelles, captures par des engins de pêche, collisions, suivi de la pollution (placés en bout de chaîne alimentaire, les cartilagineux concentrent pesticides et métaux lourds dans leurs tissus), parasitologies, maladies infectieuses…
- Suivi annuel de la mortalité, destiné sur un long terme à définir un seuil « normal » de mortalité (« bruit de fond »), grâce à une accumulation de données, de manière à caractériser des événements particuliers et alerter le cas échéant les scientifiques
- Mener d’autres recherches scientifiques : biométrie, génétique des populations, zones d’alimentations, études du régime alimentaires, détermination du sex-ratio, de l’âge, anatomie et d’autres paramètres encore, grâce à la banque de prélèvements constituée.
- Parfois aussi : le sauvetage réussi d’une raie ou d’un requin vivant !
Que faire en cas d’échouage ?
La manipulation de requins échoués est l’affaire d’une structure compétente, de personnes formées, sachant manipuler sans risque pour l’animal et les personnes, et qui connaît les risques sanitaires autant que de l’intérêt scientifique. Il en est de même que pour les mammifères marins.
Dans tous les cas, contactez immédiatement :
- En France : soit le CROSS si vous vous trouvez en mer (dans les cas d’un cadavre à la dérive), soit le SDIS (pompiers, 18 ou 112) pour un échouage à terre. Signalez cette observation en demandant qu’un relai se fasse vers Corsica-Groupe de Recherche sur les Requins de Méditerranée, qui connait la marche à suivre et les personnes locales du réseau à prévenir.
- En Italie : la Capitainerie du Port ou le numéro d’urgence en mer (1530)
Transmettez les bonnes informations
- L’animal est mort ou vivant
- L’espèce de requin ou sa description si vous ne savez pas ou que le cadavre est dans un état avancé de décomposition
- La localisation la plus précise possible (si possible point GPS sinon se situer avec la commune, le lieu-dit puis par rapport aux rues, axes, entrée de plages, distance par rapport à un point remarquable…).
Echouages d’animaux morts
- Ne touchez et ne manipulez surtout pas l’animal, même s’il est en bon état, afin d’éviter tout risque de transmission de maladie ou toute réaction éventuelle d’un requin qui serait encore vivant. La mâchoire d’un animal mort peut se refermer avec la relâche musculaire.
- Ne pas grimper sur l’animal, la peau est abrasive
- Alertez les autorités
Echouages d’animaux vivants
- Ne pas manipuler l’animal pour éviter de le blesser
- Ne pas grimper sur l’animal, la peau est abrasive
- Ne pas oublier qu’un animal sauvage en détresse va chercher à se défendre (morsures, coups…)
- Eviter les attroupements, l’agitation et le bruit qui stressent l’animal
- Eviter une remise à l’eau sans l’aide d’un correspondant de Corsica – MSRG
- Protéger l’animal des rayons du soleil à l’aide d’un parasol
- Protéger l’animal de la dessiccation (dessèchement) en le couvrant d’un linge mouillé. Placé sur les yeux ce linge peut éviter à un animal stressé de devenir agressif.
- Si possible faire en sorte que l’eau puisse pénétrer dans sa gueule, selon la nécessité qu’il peu en avoir pour se ventiler
Il faut savoir que les requins et les raies sont très fragiles : leurs organes internes ne sont pas protégés par un squelette rigide (comme pour les mammifères marins ou bon nombre de poissons osseux), mais légèrement maintenus en place par du tissu conjonctif. Leurs organes internes risquent donc de subir des dommages lorsqu’ils sont à l’air libre. Dans leur environnement, l’eau soutient les organes ; hors de l’eau, le tissu conjonctif peut facilement se déchirer et leurs organes s’écraser tout simplement sous leur propre poids.
Risques liés à la manipulation d’animaux échoués, vivants ou morts
- Risques traumatiques (coup de queue, blessures, coupures, morsures…), de chutes
- Risques infectieux : bacille du rouget (Erysipelothrix rhusiopathiae), Spirochétose ictérohémoragique… Certaines zoonoses (infections transmissibles à l’homme), comme Mycobacterium marinum, sont bien connues des aquariophiles avertis.
- La nécropsie présente également des risques sanitaires